Scarification : comprendre et aider votre adolescent face à l’automutilation
- cp-psycho17
- 17 avr. 2024
- 4 min de lecture
Les scarifications sont des incisions cutanées superficielles accompagnées d’un écoulement de sang ou de sérosités effectuées par une personne sur elle-même. Ces automutilations ne signifient pas qu’il y a une intention suicidaire, c’est un moyen pour l’adolescent de survivre. Elles peuvent être faites avec des cutters, lames de rasoir, pointes de compas, éclats de verre... Elles sont réalisées le plus souvent en lignes parallèles, sur les poignets, les bras ou les cuisses. Les scarifications sur la poitrine, le visage ou les organes génitaux sont plus rares.
Ces automutilations, bien qu’apportant un soulagement immédiat, ne sont pas sans risque. Les scarifications vont laisser de fines cicatrices. Si elles sont profondes, elles peuvent nécessiter des points de suture et entraîner des cicatrices plus importantes. Il existe enfin un risque d’infection des plaies.
Pourquoi je parle dans cet article uniquement des adolescents ?
Tout simplement parce que ce comportement apparaît en général entre 10 et 13 ans et peut parfois persister jusqu’à l’âge adulte.
Quels sont les causes de ce comportement ?
Le point de départ est une grande souffrance psychique, liée en général à un traumatisme, parfois inconscient. L’adolescent se retrouve submergé par des émotions trop fortes, en incapacité de gérer les énormes sentiments qui sont liés au traumatisme. Contrairement à certaines croyances, l’adolescent ne se scarifie pas pour se punir, il le fait pour obtenir un soulagement immédiat.
Comment marche ce soulagement ?
Notre corps est conçu pour vivre des blessures. Lorsque nous sommes blessés, nous sécrétons 2 hormones :
- L’adrénaline : grâce à elle nous ne ressentons pas la douleur et nous nous sentons plus forts. L'adrénaline va également avoir pour effet de diminuer l'apport de sang au niveau de notre peau afin de le diriger, en priorité, vers nos organes vitaux et vers nos jambes.
- L’endorphine : grâce à elle, notre corps est détendu. Les endorphines sont importantes pour réduire la douleur et augmenter le plaisir.
Comment réagir en tant que parent ?
Il faut éviter de le blâmer ou de le culpabiliser, ces deux attitudes risquant de renforcer l'image négative qu'il a de lui-même, de lui faire perdre confiance en vous et de l'amener à vous éviter. Il convient au contraire d'adopter une attitude non critique, de lui dire que vous l'aimez, qu'il peut vous parler de son stress, de ses comportements d'automutilation sans que vous le jugiez. Demandez lui ce qui peut l'aider ou le soutenir.
Il ne faut surtout pas, non plus, essayer de le contrôler. Si vous lui dites d'arrêter, il se cachera encore plus. Dites lui au contraire que vous comprenez qu'il doit beaucoup souffrir, faites preuve d'empathie. Si besoin, faites vous aider vous-même par un professionnel.
Comment sortir de ce cycle ? Comment l'adolescent pourra renoncer au seul moyen qu'il a de se soulager ?
La première étape est un suivi psychologique avec un professionnel avec lequel votre enfant se sentira en confiance. Cette notion de confiance est indispensable.
Le trauma à l'origine de ce comportement ne sera pas automatiquement la base de travail, il le sera même rarement. En effet, parler du trauma ne mène pas toujours à la résolution du problème. Il peut même être contre productif d'aborder le sujet trop tôt dans la thérapie.
Durant la thérapie, il pourra y avoir ce qu'on appelle des cycles abstinence / rechute. En effet, l'automutilation est une addiction et, comme pour toute addiction, des rechutes sont prévisibles en cours de thérapie.
Durant la phase d'abstinence, des symptômes traumatiques risquent de réapparaître mais pas toujours clairement (pas d'images précises mais une sensation de vide par exemple) et il pourra y avoir une rechute = tentative désespérée de se sentir mieux.
Il sera alors nécessaires d'intégrer d'autres solutions d'autorégulation des émotions. Il pourra ainsi être proposé la thérapie comportementale et cognitive (TCC) ou encore d'élargir la fenêtre de tolérance des émotions.
De nombreuses méthodes de substitutions sont proposées sur internet, comme remplacer la lame par de la glace ou encore utiliser la respiration. Ces méthodes ne sont pas mauvaises mais sont souvent inefficaces seules car elles n'apportent bien souvent qu'un soulagement à hauteur de 10%. Or, l'adolescent recherche un soulagement à hauteur de 100%. Et si la solution consistait donc à trouver et utiliser autant de méthodes de substitution à hauteur de 10% que nécessaires ?
Conclusion
Même s'il est avéré que les adolescents, dans leur majorité, n'ont pas ce comportement pour attirer l'attention de leurs parents, vous, parents, avez un rôle important à jouer. Votre enfant a besoin d'être compris, de sentir qu'il peut avoir confiance en vous. Soyez à l'écoute, soyez empathique, ne le jugez pas, faites le suivre et faites vous suivre également si nécessaire.
En tant que spécialiste du psychotrauma, formée à plusieurs thérapies qui ont fait leurs preuves (visibles sur mon site), j'ai à cœur de placer le patient au centre de la thérapie. Ce n'est pas lui qui s'adapte à ce que je propose, c'est moi qui m'adapte à ses besoins. Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à me contacter.
CP psycho17
Christelle

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